C’est un soir de fin d’été que s’est tenu la première conférence de notre association Jiwnit à Montréal. Jeudi 14 septembre 2023, une belle gang d’ami.e.s, ami.e.s d’ami.e.s et curieux se sont rassemblés au café la Place commune, pour une présentation de Kamyaak, notre écovillage au Sénégal.
La Place commune est une coopérative de solidarité écologique et citoyenne qui offre de multiples services à la communauté de Parc Extension, où elle est implantée. C’est un café qui offre notamment un frigo communautaire, des brunchs musicaux, et où les membres animent un réseau de Solidarité alimentaire. Ils peuvent ainsi s’impliquer dans des jardins partagés, des cueillettes de fruits et récupérer le surplus alimentaire de fermes maraichères ou d’organismes partenaires qui sont ensuite redistribués ou transformés au café au bénéfice des personnes qui en ont le plus besoin.
Bref, un lieu accueillant, lumineux et plein de vie, aux meubles dépareillés et à la déco chaleureuse.
C’est dans ce cadre propice qu’a eu lieu notre rencontre. L'objectif ? Présenter l’éco-village : son historique, ses activités et son impact, mais aussi mettre en lumière des modes de pensées et d’action décentrés de la pensée occidentale pour créer de la discussion autour de ce qui émerge.
Désarmés face à une élite capitaliste
Montréal est un terreau fertile pour ces conversations puisque la jeunesse montréalaise se sent très concernée par les bouleversements climatiques : la marche pour le climat de 2019, qui comptait parmi les marcheurs la jeune militante suédoise Greta Thunberg, avait rassemblé le nombre historique de 500 000 personnes.
Mais les gens se sentent aussi désarmés face à une élite capitaliste qui pollue sans conséquences; ils se sentent angoissés, dans un paysage médiatique peuplé de nouvelles anxiogènes sur la santé sans cesse aggravée de notre planète.
C’est pourquoi il est important de montrer que l’espoir est là et qu’il est possible d’agir, grâce à des projets qui fonctionnent et qui proposent une alternative réelle au système qui nous étouffe. De montrer qu’on peut créer des projets dont le but n’est pas le profit pour le profit et qui ont du sens, dans un monde où les gens peinent à le trouver. De prendre conscience que le pouvoir de changer les choses est de notre côté, si on est capable de remettre en question nos modes de vie, de déconstruire les schémas qui nous enferment et de comprendre l'importance d’une communauté soudée.
Kamyaak c’est tout cela et bien plus, et ça, les participants l’ont bien compris.
L'expansion des coeurs ou économique ?
Lors de la présentation, nous avons abordé les défis rencontrés dans la région de Fatick, les enjeux auxquels les populations font face, la recherche de solutions alternatives et les fondements de l’éco-village.
Celle-ci a été suivie d’une séance de questions/réponses vivante et animée. Les participants sont intervenus notamment sur la question des financements, sur le rapport entre Kamyaak et les ONG internationales, qui se montrent parfois impérialistes.
La question de l’aménagement du village a également été soulevée : Comment les arbres ont-ils été choisis ? Quelles sont les conséquences du reboisement sur la faune et les conditions climatique ?
Des questions ont également été posées autour du fonctionnement du village au quotidien : Comment sont prises les décisions ? Qui participe à la vie du village ? Quel est le rapport des habitants de la région avec Kamyaak ?
Certaines interrogations ont permis de jeter un nouvel éclairage et de commencer à défaire certaines manières de penser qu’on peut parfois croire universelles, comme l'idée d’expansion économique. S’expandre oui, mais sur quel territoire? L’expansion des cœurs n’est-elle pas plus nécessaire que l’expansion économique? Les questions étaient intéressantes, les réponses nourrissantes.
Après avoir présenté les différentes manières de venir visiter Kamyaak, la discussion s’est close autour d’une chaleureuse salve d’applaudissements.
La vérité en coulisses
Bon tout ça, c’est la partie visible de l’iceberg... Dans les coulisses, cet évènement s’est fait à l’image de Kamyaak: grâce à la force du collectif!
Après une annulation de dernière minute, il a fallu trouver un nouvel espace la veille de la conférence! Heureusement, l’équipe de la Place commune a été extrêmement accommodante et réactive. Contactés en urgence par courriel, ils nous ont libéré l’espace et ont été d’une grande aide pour la logistique. Geneviève a mobilisé son équipe du jour pour le lendemain et Rose et Gabriel ont été aux petits soins pour préparer l’arrivée des participants.
Mais là, nouveau défi: le vidéoprojecteur prévu ne fonctionne pas finalement! À quatre heures du rassemblement, ça part en recherche Google effrénée “location vidéoprojecteur Montréal”. On demande littéralement à toutes les personnes qu’on connaît, on envisage même d’en acheter un… Finalement, la solution tombe du ciel : une amie nous appelle, son amie n’a pas un vidéoprojecteur, mais deux! À deux heures de la conférence, un petit aller-retour à vélo digne des meilleurs temps du Tour de France, la machine est dans le sac et direction le café.
On dit bonjour à Gabriel et Rose, on branche les fils, on connecte le wifi et là… pas de mur blanc pour projeter! Mais c’est pas grave, on l’a compris maintenant, à chaque manquement, un ange a ce dont on a besoin. Un coup de fil et une amie arrive sur le fil avec un drap blanc, parfait pour la projection.
Voilà, on est bon! Servez-vous, un petit verre de bissap, une gougère au fromage et on s’installe bien confortablement, la présentation peut commencer…
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